Sarita

Les masques

La vie est un ballet. Un ballet dont la cacophonie résonne avec parcimonie dans le creux de nos coeurs. 

La vie est un tableau. Un tableau dont les couleurs bondissent avec vivacité au plus profond de chaque sens.

La vie est une scène. Une scène dont les apparences puisent leur inspiration dans les méandres de nos mémoires.

Derrière la scène se cachent des coffres, mille et un coffres. À l’intérieur des coffres s’entassent des costumes et des masques, mille et un masques. 

L’enfant fouille dans cette grande boîte, il s’étonne de découvrir ces visages, leurs expressions, leurs émotions. Il découvre ces objets avec fascination et palpe l’art de la transformation. Au fur et à mesure, il explore ces trésors d’apparence, ces tonalités d’identités. Il ose, les teste et narre les plus douces comme les plus fantasques frasques de la vie. Il part à l’aventure, muni de ses costumes, de ses masques. Mille et un masques.

Il poursuit son voyage, au fil des années, et apprend à apprivoiser chacun de ces masques. Ils jonglent avec eux comme il conjugue les émotions. Il s’y habitue au point d’oublier, finalement, de les déposer, au bout du jour, dans les grands coffres cachés à l’arrière de la scène. 

Et puis, un jour, alors qu’il semblait avoir apprivoisé, avec ses masques, la grande mise en scène de sa vie, il se sent piqué, au plus profond de chaque sens, au creux du coeur. 

Il se souvient qu’au-delà des costumes existe une scène incroyable. Une scène où peuvent, au-delà des masques, s’entrecroiser les mots, les couleurs et la mélodieuse cacophonie du quotidien. 

Il ferme les yeux, respire. Il ferme les yeux, se souvient. Il ferme les yeux, voyage dans les méandres de sa mémoire. Là, il aperçoit ce coffre magnétisant, qu’il avait fini par oublier. Il ferme les yeux et plonge à travers le souvenir. Il voit les mises en scène, il comprend les nuances de ses masques. Il se revoit enfant et sourit, apaisé d’accueillir les nuances de ses émotions.

Démasqué, il s’apprête à rejoindre le devant de la scène. Là, pétrifié, il découvre une autre sensation de liberté. Mis à nu, il s’apprête à reprendre le ballet coloré de la vie au rythme d’un cacophonique mais harmonieux spectre de nuances. 

Masque (nom masculin, de l’italien maschera, du bas latin masca).
Littéraire. Apparence trompeuse sous laquelle on s’efforce de cacher ses vrais sentiments : Ôter le masque. Jeter le masque.
www.larousse.fr

Et si, l’heure de sortir couverts d’un masque pour nous protéger devenait aussi celle, pour ceux qui le souhaitent, d’entreprendre ce voyage dans le temps. Et si nous redécouvrions et déposions nos masques dans ce coffre (in)exploré depuis l’enfance ? 

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